RDC : la guerre asphyxie la ville de Goma dans l’est du pays

Depuis que la route Goma-Sake-Kitsanga a été coupée en janvier 2023 par les rebelles du M23, la capitale du Nord-Kivu est isolée, avec de graves conséquences pour ses habitants.
« J’ai plongé ma famille dans un programme d’un repas par jour pour voir si nous pouvons tenir pendant un mois », confie Kamnzi Buhendwa, un habitant de Goma victime de la situation inextricable de la ville. En effet, depuis fin janvier, la capitale de la province du Nord-Kivu dans l’est de la RDC ne peut plus compter que sur elle-même. Les parties nord et ouest sont assiégées par les rebelles du mouvement du 23 mars (M23). Et il n’y a plus aucun accès aux territoires de Rutshuru, Lubero, Beni, Butembo, ainsi qu’à une partie de celui de Masisi, qui constituent le réservoir alimentaire de la ville. La route qui relie Goma, Sake et Kitsanga, seule voie qui restait ouverte pour approvisionner la ville en produits vivriers, a été coupée par les rebelles mercredi 25 janvier 2023, à la suite de quoi la ville de Goma est totalement asphyxiée.
Coincée comme dans un entonnoir, l’agglomération n’a plus qu’une issue : la partie sud. Il s’agit malheureusement du lac Kivu contenant d’importantes quantités de méthane, ce gaz restant dissous sous l’effet de la pression hydrostatique.
L’occupation du M23, un mouvement de rebelles majoritairement Tutsi, dormant depuis 2013, est intervenue à la suite des combats qui l’opposent depuis un an aux forces armées congolaises dans la région du Nord-Kivu. Ces rebelles réclament le respect des accords conclus avec le gouvernement congolais au sujet de leur démobilisation et de leur intégration dans l’armée nationale. En un an, ils ont beaucoup progressé et occupent aujourd’hui une très grande partie du Nord-Kivu. Le gouvernement de Kinshasa exige leur retrait.
Pendant ce temps, en raison du blocus de Goma, certains commerçants de la ville sont obligés d’aller se ravitailler à Bukavu, à 200 km dans la province voisine du Sud-Kivu, ce qui constitue une inversion des usages, car le plus souvent c’est Bukavu qui se ravitaille à Goma.
« Comme toutes les voies sont actuellement fermées, nous sommes obligés de nous rendre à Bukavu, où nous devons passer la nuit dans le bateau sur le Lac Kivu, pour avoir quelques produits. Nous apportons des haricots, du poisson, de la farine, et malheureusement il n’y a pas de pommes de terre au sud du Kivu », explique Aziza Mangaza, une commerçante de Goma.
Par conséquent, le dollar américain passe de 2 000 à 2 240 francs congolais (FC), le litre de carburant de 3 000 à 3 400 FC, et les prix d’autres denrées alimentaires explosent. Le quotidien des habitants de la ville est devenu de plus en plus difficile. Les prix des produits importés, et même de ceux d’origine locale ont grimpé. C’est par exemple le cas de ceux de l’huile végétale et de la farine de maïs qui ont flambé sur les marchés.
Pour résister à cette situation, des familles ont bouleversé leur quotidien et supprimé certains repas de leur programme. Une famille qui prenait 3 repas se voit contrainte à un seul repas par jour. Des enfants qui avaient droit à une collation à l’école sont obligés d’y aller sans repas. C’est le cas de la famille de Kamanzi Buhendwa où l’on ne mange plus qu’une seule fois par jour.
« Nous traversons actuellement une situation très délicate, nous n’avons pas vécu cette situation, même pendant le confinement lors de la COVID-19. Lors de l’éruption volcanique du Nyiragongo, nous n’avons pas vécu une situation délicate », confie Kamanzi.
Les responsables de l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) au Nord-Kivu déplorent des conséquences néfastes sur la vie sociale de la population de Goma. L’économie de la province est par terre, d’après eux. Ils appellent le gouvernement congolais à tout mettre en œuvre pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans cette région. Cela fait plus de sept mois que le trafic routier entre Goma, Kiwanja, Butembo et Beni, un centre important de transformation agro-alimentaire, a été interrompu.
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