Des agences de voyages font la promotion du tourisme en Afrique

Les destinations africaines attirent de plus en plus les voyageurs du monde entier. Afin de se démarquer de l’offre touristique habituelle, certains acteurs du tourisme tentent d’impliquer de plus en plus les Africains dans cette industrie. C’est le cas du Jotay Club et de Travel Afrique, deux agences spécialistes des voyages sur le continent.
L’Afrique est de plus en plus prisée par les voyageurs internationaux. Selon des chiffres de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le continent africain a connu de janvier à juillet 2022 une progression de 171 % des arrivées de touristes internationaux par rapport à celles sur la même période en 2021. Une évolution qui s’observe depuis quelques années déjà. Fin 2018, le continent avait comptabilisé 67 millions de visiteurs, soit une hausse de 7 % contre 6 % mondialement, selon des données de l’OMT publiées en janvier 2019.
« J’ai énormément de demandes sur l’Afrique et les réseaux sociaux ont beaucoup contribué à donner envie aux gens de voyager. Pendant la pandémie de COVID-19, les gens étaient confinés et beaucoup avaient les regards tournés vers le continent, notamment grâce à certains influenceurs qui ont mis en avant, de manière positive, les destinations africaines. Ça a donné un élan au niveau de la clientèle », constate Fanta Konaté, fondatrice de l’agence Jotay Club.
Le Sénégal et Tanzanie, parmi les plus visités
En tête de liste des destinations africaines les plus demandées figurent le Sénégal et la Tanzanie, soulignent Fanta Konaté et Christophe Diémé, cofondateur de la plateforme d’organisation de voyages Travel Afrique.
« La Tanzanie, c’est notre deuxième destination. Nous avons énormément de demandes pour ce pays qui attire les visiteurs, grâce notamment au parc du Serengeti et à Zanzibar. Ensuite Le Sénégal, c’est une destination réputée pour son accueil et la diversité de ses activités », affirme Christophe Diémé.
« La Tanzanie, ça a été un boom depuis la COVID-19. Elle fait partie des pays qui n’ont pas fermé leurs frontières pendant la pandémie », ajoute Fanta Konaté.
Mettre en avant un « tourisme responsable »
Face à une industrie touristique florissante, les deux spécialistes des voyages en Afrique se démarquent en proposant des voyages plus responsables, afin d’impliquer davantage les Africains dans le développement de ce marché.
Grâce à sa structure Travel Afrique, Christophe Diémé accompagne et met en lumière les différentes agences de voyages locales. L’objectif est de mettre directement en relation avec les voyageurs du monde entier sa quinzaine de partenaires locaux qui se partagent près de dix destinations sur le continent. « Notre démarche est de faire monter en compétence les petites agences locales, qui connaissent parfaitement leur continent, pour ainsi répartir les recettes de façon beaucoup plus juste et équitable ».
Une démarche à laquelle adhère aussi Fanta Konaté. Elle organise, au travers du Jotay Club, des séjours pour des groupes de voyageurs attirés par l’opportunité de découvrir l’Afrique en dehors des circuits traditionnels. « Ce que nos voyageurs recherchent, c’est l’authenticité des pays. En partenariat avec nos représentants locaux, nous mettons l’accent sur la culture, l’humanitaire et le mode de vie local, en échangeant beaucoup avec les autochtones, que ce soient des universitaires ou des habitants dans les villages ».
Faire voyager les Africains
Depuis l’année 2019, le Jotay Club parvient ainsi à cibler de nombreux Africains de la diaspora. « J’ai voulu mettre en place ce concept novateur pour permettre notamment aux communautés africaines venues de l’étranger de découvrir l’Afrique. Ma clientèle est également composée d’une majorité d’Antillais qui souhaitent se reconnecter à leurs racines africaines. Les circuits que nous proposons répondent donc à leurs attentes, car ce qui pourrait décourager les personnes de la diaspora serait de ne pas ressentir l’africanité dans nos parcours », estime-t-elle.
Le tourisme intra-Afrique reste quant à lui encore à développer : les obstacles administratifs contrarient une demande croissante, comme l’observe Fanta Konaté qui rêve de mettre en place un Jotay africain. « Il est très compliqué pour un Africain de voyager sur le continent, à cause des contraintes administratives, notamment les visas. Je rencontre par exemple des difficultés à faire partir des Sénégalais pour la Tanzanie ».
Des initiatives se mettent néanmoins en place auprès des autorités locales afin de développer ce secteur en Afrique, indique Christophe Diémé, convaincu du potentiel du tourisme intra-Afrique :« le tourisme intra-africain a un bel avenir devant lui. Il existe en effet une volonté de certains gouvernements, mais également des professionnels du tourisme, de développer le tourisme local. Les agences se sont adaptées en proposant des circuits à des prix accessibles pour les locaux ».
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