Ces entrepreneuses qui mettent en avant le leadership féminin en Afrique

Ces entrepreneuses qui mettent en avant le leadership féminin en Afrique

Rédigé par Solenn Duplessy

Modifié le 23 février 2023

Influentes dans la sphère médiatique africaine, Amie Ouattara Kouamé, Édith Brou et Sophy Aiida font partie des entrepreneuses qui inspirent les jeunes femmes du continent. À travers leurs différentes plates-formes, elles font du leadership au féminin leur fer de lance et encouragent l’essor de l’entrepreneuriat des femmes. 

Selon une étude du cabinet Roland Berger réalisée en 2018, 24 % des femmes africaines sont entrepreneuses, soit le pourcentage le plus élevé à l’échelle mondiale. Le taux d’activité entrepreneuriale a été estimé par les auteurs de l’étude grâce à un système d’apprentissage automatique issu de l’intelligence artificielle. Selon leurs estimations, l’entrepreneuriat féminin génère entre 150 et 200 milliards de dollars et contribue de 7 à 9 % au PIB du continent. Il serait principalement porté par le Nigeria, le Ghana et des pays d’Afrique australe considérés dans l’étude comme des locomotives en matière d’entrepreneuriat féminin. En effet, les femmes y seraient plus bancarisées qu’ailleurs sur le continent, précisent les auteurs. C’est un public qui attire l’attention d’entrepreneuses bien représentées sur les réseaux sociaux, déterminées à lui donner toute sa place dans l’économie et la société africaines. 

Amie Ouattara Kouamé : « Notre objectif est d’encourager les femmes entreprenantes à se rendre visibles pour inspirer les plus jeunes »

Fondatrice du webzine Ayana, Amie Ouattara Kouamé est une entrepreneuse, spécialiste en communication audiovisuelle, événementielle et digitale. Lancé en 2011 en Côte d’Ivoire, Ayana Webzine se présente comme une plate-forme de promotion du leadership féminin et d’inspiration pour les jeunes femmes africaines. À travers des conseils « lifestyle », des interviews et des portraits, le média entend donner plus de visibilité aux femmes entreprenantes. « Je trouve qu’il n’y a pas assez de modèles féminins dans le leadership en Afrique francophone. Les femmes sont souvent réticentes à se mettre en avant. Notre objectif est donc de les encourager à se rendre visibles pour inspirer les plus jeunes qui pourront ainsi s’identifier à leur parcours ». Pourtant, comme le rappelle Amie Kouamé, les femmes ont toujours été très présentes dans le domaine de l’entrepreneuriat sur le continent. « Les femmes ont toujours produit et accompagné la population, que ce soit dans la consommation alimentaire ou vestimentaire, mais aujourd’hui il y a un cadre qui est mis en place ». Très engagée dans la cause féminine, elle encourage les futures entrepreneuses à se former davantage dans leur business. « Selon moi, la formation c’est quelque chose qui peut justement nous apporter cette confiance, cette assurance de maîtriser son activité et la capacité à chercher à travailler avec les bonnes personnes »

Édith Brou : « Pour moi, il est important que les femmes africaines prennent le lead dans tous les secteurs d’activité en Afrique »

Édith Brou a développé son influence en Côte d’Ivoire sur les réseaux sociaux en tant qu’activiste web, promotrice technologique, conférencière et autoentrepreneuse dans le domaine de la communication digitale. Ses activités et ses engagements citoyens lui ont valu d’être régulièrement classée par plusieurs magazines parmi les personnalités les plus influentes sur le continent. « Ça montre que mon travail est suivi, que mes prises de position sont appréciées et qu’elles ont un impact positif sur les populations. Je suis fière qu’on puisse dire que je suis une activiste passionnée de digital, passionnée de l’Afrique, et ainsi contribuer à mon niveau à faire changer les mentalités, et surtout porter des causes qui sont nobles ». Parmi les causes qui lui tiennent à cœur : le leadership féminin. Édith Brou parraine des jeunes femmes entrepreneuses ainsi que des organisations féminines qui font la promotion de l’autonomisation des femmes. « L’une de mes motivations, c’est que les femmes africaines s’émancipent, qu’elles soient libres d’entreprendre ce qu’elles souhaitent, qu’elles soient autonomes financièrement et qu’elles puissent avoir confiance en elles. Pour moi, il est important que les femmes africaines prennent le lead dans tous les secteurs d’activité en Afrique ». Et de rappeler : « Bien que souvent pratiqué dans le secteur informel, l’entrepreneuriat féminin n’est pas nouveau, les femmes africaines entreprennent depuis la nuit des temps, c’est dans leur sang. Il faudrait juste que cet entrepreneuriat soit plus formalisé pour leur permettre d’accéder au crédit et qu’elles trouvent les secteurs qui sont les plus rentables et les plus porteurs dans leur pays ».

Sophy Aiida : « Mon battement de cœur, c’est l’émancipation de la jeune femme afro-descendante, afin qu’elle puisse trouver sa voie »

Sophie Aiida évolue depuis près de 16 ans dans l’industrie du divertissement, notamment en tant qu’actrice et présentatrice TV. Entrepreneuse dans les domaines de la communication événementielle, du consulting et de la production audiovisuelle, Sophy Aiida développe depuis 2018 « Woman of destiny », une page Instagram destinée à inspirer les jeunes femmes africaines. « Woman of Destiny est dédiée à la jeune femme afro-descendante qui recherche des inspirations et qui a besoin de conseils pour avancer dans sa destinée puis atteindre ses objectifs ». Une plate-forme qui propose notamment des ateliers de « vision board » et de formation. « C’est une plate-forme qui me tient à cœur. Mon battement de cœur, c’est l’émancipation de la jeune femme afro-descendante, afin qu’elle puisse trouver sa voie et faire ce qu’elle a toujours souhaité faire ». De plus en plus de femmes se lancent dans l’entrepreneuriat, constate également Sophy Aiida. « Il y a effectivement une émergence de femmes qui se lancent dans des activités en Afrique, mais en réalité la femme africaine a toujours été très entreprenante. Par exemple, les Nana Benz au Togo, des femmes d’affaires qui ont développé le wax dans la sous-région. Aujourd’hui on encourage l’entrepreneuriat à plus grande échelle. C’est quelque chose qui est mieux compris et accepté ». Ayant grandi aux États-Unis, Sophy Aiida acquiert l’expérience anglo-saxonne dans le domaine des affaires et encourage à la polyvalence en lançant, comme elle l’a fait pour elle-même, plusieurs projets. « Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier. Quand on est multitalentueux, on a énormément de potentiel et on n’est pas obligé de s’enfermer dans une seule voie ».

 

En savoir plus : 

 AyanaWebzine, site web dédié à la femme africaine. Archives des Business – Ayana Webzine. Ainsi que les évènements SUPERWOMAN by Ayana qui présentent un panel de femmes entrepreneuses et influentes Archives des Ayana – Ayana Webzine

La page Instagram « Woman of Destiny » et ses ateliers de vision board et de formation WOD | Connect, Equip & Empower (@womanofdestiny.co) • Photos et vidéos Instagram

L’étude du Cabinet Roland Berger Etude-RB_WIA_Accelerer_la_dynamique_entrepreneuriale_des_femmes_en_Afrique.pdf

À voir aussi

L’augmentation du coût de l’immobilier en raison de l’inflation au Nigéria

L’augmentation du coût de l’immobilier en raison de l’inflation au Nigéria

Au Nigeria, l’inflation fait exploser les coûts de construction et les loyers — avec une hausse de 300 % des dépenses de construction et de plus de 200 % pour les locations. Promoteurs, architectes et futurs propriétaires font face à une instabilité permanente, tandis que les ménages modestes peinent à se loger. À travers les témoignages d’acteurs du secteur, de locataires et d’analystes, ce reportage explore les conséquences de cette inflation sur l’accès au logement et sur l’avenir du marché immobilier nigérian. Regardez la vidéo complète pour mieux comprendre les enjeux humains et économiques d’un marché sous tension. Journaliste : ANNABELLE AYANGBADE

Un registre foncier numérique pour les agriculteurs de Madagascar

Un registre foncier numérique pour les agriculteurs de Madagascar

À Madagascar, la réforme foncière engagée depuis 2005 permet aux communes de délivrer des certificats fonciers, un outil essentiel pour sécuriser l’accès à la terre. Ce reportage donne la parole à plusieurs agriculteurs qui expliquent comment l’obtention de ce document a transformé leur quotidien : extension des surfaces cultivées, accès au crédit, hausse des revenus, développement d’activités économiques locales. En facilitant l’investissement agricole et en renforçant la sécurité foncière, ces certificats contribuent directement à améliorer les conditions de vie en zone rurale.