Le Sommet de la Diaspora Africaine : un projet à la hauteur des ambitions de l’Afrique de demain

Le Sommet de la Diaspora Africaine : un projet à la hauteur des ambitions de l’Afrique de demain

Déborah Weill

Après le Sommet Afrique-France de Montpellier et son invitation à revoir la relation économique entre Paris et le continent à la lumière de l’apport de la jeunesse et de la société civile, c’était l’heure à Strasbourg d’un nouvel événement : la deuxième édition du Sommet de la Diaspora Africaine qui s’est tenue les 29 et 30 octobre derniers. 

Fonds d’amorçage pour jeunes entreprises africaines pour Harry Youmbi de Reda Capital, outils de cartographie géospatiale assurant la numérisation du cadastre et donc améliorant les recettes fiscales des états pour la société Technatium de Jean Koivogui, plateforme de financement participatif œuvrant au développement économique et social de l’Afrique d’Eric Ntonfo, mais aussi ONG de soutien au handicap visuel Vue d’ensemble : ce sont quelques-unes des solutions proposées par la diaspora africaine en France au continent. 

Les entrepreneurs de cette communauté de plus de trois millions de personnes veulent en effet porter une voix de plus en plus forte pour accompagner et soutenir un développement à 360 degrés de l’Afrique.

Organisé par l’association Afriqu’Elles, Prisca Mbenkoé et Arlande Joerger, parrainé par Asha Sumputh, Directrice de la rédaction du site Africa-on-air, et soutenu par l’École de Management de Strasbourg, ce sommet a réuni pendant ces deux jours des acteurs pionniers du développement de l’Afrique, ainsi que des membres engagés de l’immense diaspora de ce continent. Au cœur de l’événement, une conviction commune : « L’Afrique n’a pas besoin d’aide, elle a besoin de partenaires ! Elle a besoin d’investissement », a souligné Asha Sumputh. À ces mots, Prisca Mbenkoé a ajouté cette citation de Michelle Obama : « On peut vivre dans le monde tel qu’il est, mais on peut aussi agir pour faire du monde ce qu’il devrait être. », insistant ainsi sur les notions de progrès et d’engagement, au cœur du projet de ce sommet. 

L’innovation comme moteur du développement :  

Pour le directeur général de l’EM Strasbourg, Herbert Casteran, ce sommet a une triple dimension : mobiliser l’énergie de la diaspora pour créer et inventer des solutions pour l’Afrique, souligner et encourager la dimension féminine et féministe de ce projet, et enfin construire et projeter ensemble le futur du continent. « Existe-t-il une plus belle ambition que de se projeter vers demain ? Que de capitaliser sur des histoires communes ?
C’est cette notion d’aller de l’avant que je souhaite mettre en lumière aujourd’hui »,
explique Herbert Casteran.

De fait, des projets tangibles ont été initiés pendant ce sommet. Et de nombreuses collaborations et partenariats ont émergé entre les membres de la diaspora ayant répondu présents à l’événement.  

Une attention particulière a notamment été portée sur la question de l’innovation. Thierry Barbaut, Directeur des écosystèmes intelligents chez Tactis, a soutenu l’idée selon laquelle la technologie est l’alliée inébranlable du développement de l’Afrique et que le financement des startups africaines innovantes est un objectif parfaitement réalisable. Il a ainsi présenté un système de télémédecine, avec des applications mobiles capables de détecter des maladies, à même de réduire les dépenses liées à la santé tout en fluidifiant les capacités d’accueil des centres médicaux.

La question de l’entrepreneuriat s’est faite très présente au sommet. « L’entrepreneuriat est au cœur de la culture africaine », observe Asha Sumputh. Une réalité palpable lors des conférences et des ateliers proposés. Ces différents moments d’échanges montrent que les pays d’Afrique sont déjà habités par cette culture de l’entrepreneuriat. Pour leur permettre de s’épanouir, il ne reste plus qu’à mobiliser les talents de la jeunesse.
« Impacter la jeunesse africaine, c’est l‘éduquer pour lui faire prendre conscience de ses forces et lui donner des armes pour entreprendre, mais aussi provoquer des rencontres », explique Kambiwa Nelly, responsable de l’atelier « Impacter la jeunesse africaine ». 

L’engagement écologique n’a pas été oublié dans les différents ateliers, l’idée étant de projeter des solutions durables pour pérenniser les secteurs d’activités du continent.

Les intervenants n’ont pas hésité à nommer les problèmes et à proposer des solutions efficaces pour y remédier. Aux côtés de la mise en place d’écosystèmes écologiques et durables, une attention toute particulière a été portée à la question de l’éducation de la jeunesse, ou encore de l’autonomisation de la femme africaine. Des sujets auxquels les intervenants ont pu réfléchir, pour proposer des plans d’action concrets. Ce sommet a finalement ouvert le champ des possibles en se faisant le théâtre de rencontres opportunes et d’initiations de projets. Des initiatives dont il faudra suivre la progression sur le continent.

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