Education, inclusion, et insertion professionnelle au Bénin

Education, inclusion, et insertion professionnelle au Bénin

Parrainage d'enfants scolarisés au Bénin par l'association Hirondelle de l'Avenir | Sophie Thouvenel

Déborah Weil

Les enfants béninois peinent toujours à recevoir une éducation primaire et secondaire. Pourtant, cette éducation est essentielle à ces jeunes, qui doivent être en mesure de s’insérer professionnellement dans le marché du travail. L’association Hirondelle de l’Avenir soutient des jeunes pour leurs permettre de développer les compétences clés du monde de demain.

Un rapport de l’UNESCO indique qu’en 2018, au Bénin, seuls 42,4 % des personnes âgées de 15 ans et plus sont alphabétisées. Cette même étude démontre que les jeunes filles sont davantage touchées par ce phénomène de déscolarisation. Mais comment pallier ce phénomène ? 

C’est la question que s’est posée Sophie Thouvenel en 2008, lorsqu’elle a cofondé l’association Hirondelle de l’Avenir. Cette association a pour objectif d’aider les jeunes Béninois à accéder à l’éducation. « Grâce à un système de parrainage, l’association permet aujourd’hui à 600 enfants d’avoir accès à l’éducation, en étant exemptés des frais de scolarité. De l’éducation primaire, jusqu’à l’insertion professionnelle, l’enfant est soutenu financièrement et orienté vers les formations les plus adaptées à ses besoins », nous explique Sophie Thouvenel.

Pour répondre aux besoins d’éducation des enfants, l’association s’est intéressée aux freins qui empêchent l’accès à la scolarité. Cela passe par l’organisation d’écosystèmes permettant aux enfants d’accéder à de l’alimentation saine, à l’eau et à la santé. L’association Hirondelle de l’Avenir a ainsi mis en place un système d’accès à des programmes alimentaires, en fournissant des kits de vivres. L’association a également construit 16 puits qui ont impacté 90 000 personnes. Enfin, elle se charge de payer les frais d’hospitalisation des enfants lorsqu’ils sont malades. « L’objectif concret est de créer un environnement sain pour les enfants, afin de les accompagner dans leur éducation, de leur naissance jusqu’à leur insertion professionnelle », précise Sophie Thouvenel.

Au-delà de la question de soigner les besoins primaires, demeure encore la problématique du poids des traditions. En effet, ces dernières peuvent porter préjudice à l’éducation de l’enfant. « Les traditions au Bénin privilégient l’accès à l’éducation pour les garçons. Les filles sont souvent soumises à l’obligation de se marier très tôt et font souvent face aux dangers des grossesses précoces », constate la fondatrice de l’association Hirondelle de l’Avenir. 

Cependant, il est très difficile de lutter contre le poids des traditions. « Il ne s’agit en aucun cas d’avoir un discours paternaliste envers les parents et de les forcer à renoncer à leur culture. Nous nous présentons davantage comme un médiateur entre l’enfant et ses parents, dont les préoccupations demeurent le besoin d’argent et le respect de la culture béninoise. En échange d’un accompagnement financier, les parents s’engagent à ce que l’enfant travaille bien à l’école. Nous ne sommes pas là pour leur dire ce qu’il faut faire, mais plutôt pour enseigner et démontrer les bienfaits de l’éducation de l’enfant sur le long terme », explique Sophie Thouvenel. 

Permettre aux enfants d’avoir accès à l’éducation primaire et secondaire est une priorité nécessaire au développement que ne doit pas perdre de vue le Bénin. C’est ce que l’association Hirondelle de l’Avenir tente de démontrer en faisant prendre conscience aux enfants de leur potentiel. « Nous sommes ici pour valoriser les talents africains et préparer la jeunesse africaine au leadership », déclare sa responsable. Pour remplir cette mission, l’association a notamment ouvert 2 écoles de coding en partenariat avec THALES et SYD ; 300 enfants ont déjà été formés aux métiers du numérique dans ces écoles et sont désormais à même de s’insérer professionnellement.  

L’association Hirondelle de l’Avenir a également pour projet d’ouvrir un centre de formation pour les jeunes filles. Plus précisément, il s’agit d’ouvrir une ferme pour cultiver des plantes thérapeutiques comme la spiruline. Cela aurait un triple impact : former les jeunes filles à un métier, exporter les biens cultivés vers l’occident, où ces plantes se vendent à un prix important, faisant ainsi rentrer de l’argent pour rendre l’association plus autonome, et enfin soigner les communautés qui font partie du programme. 

En définitive, Hirondelle de l’Avenir a créé un écosystème de développement social allant de la scolarité au plus bas âge à l’insertion professionnelle. Cet écosystème prend en charge l’amélioration de l’environnement et l’outillage des jeunes membres de l’association par des actions tangibles : la construction de puits dans les villages, les bourses de scolarité et la formation d’enfants aux métiers numériques et le placement en stages professionnels de jeunes adultes.

Il est clair que pour parvenir à soutenir les enfants dans leur éducation, il faut avant tout leur permettre de vivre dans un environnement sain et prospère.

Davantage, il faut que les traditions soient encadrées par des lois, pour permettre de mettre un terme aux inégalités de genre. Il faut donner aux jeunes filles et aux jeunes garçons les mêmes moyens pour entreprendre et créer de la valeur. Le Bénin a donc besoin avant tout de former et soutenir sa jeunesse, qui représente plus de 60 % des habitants, et par conséquent, l’avenir du pays. 

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