Salon du livre africain à Paris : la littérature africaine à l’honneur

Déborah Weill, avec Julie Bernard et Laurence Soustras
Le monde de la littérature et de la culture africaine se retrouve à Paris pour le premier salon consacré au livre africain. Un rendez-vous annuel à ne pas manquer.
Les 24 et 26 septembre derniers, s’est tenu à Paris le premier Salon du livre africain. Organisé par Erick Monjour à la mairie du VIe arrondissement, ce salon inédit a connu un franc succès. Plus de 2 000 personnes se sont rendues sur place pour découvrir toute la richesse de la littérature africaine.
Près de 5 000 visiteurs sur trois jours et 150 auteurs africains : Erick Monjour, organisateur du Salon du livre africain ne s’attendait pas à une telle réussite. « On est très étonnés, on ne s’attendait pas à recevoir autant de monde, on a eu une très bonne communication médiatique et cela fait plaisir de voir cet engouement, cet intérêt autour de la littérature africaine. Aujourd’hui on a reçu 2 000 personnes, des éditeurs, des auteurs et des libraires venus physiquement de partout en Afrique pour nous rencontrer, et cela montre que l’événement a eu un réel impact. Je retiens surtout l’intérêt du public pour les livres ; ce n’est pas un public qui visite, c’est véritablement des personnes, de très grande qualité, qui sont venues pour acheter et lire ces livres. Nous avons eu affaire à de véritables passionnés. »
Le salon a permis notamment de créer un point de rencontre extrêmement chaleureux entre tous ces individus, venus de près de 54 pays différents, représentant chacun une partie de la culture du continent qui est loin d’être homogène. En effet, il s’agissait là d’un véritable défi pour l’organisateur que de parvenir à proposer un événement d’une telle envergure, alors que la littérature africaine est extrêmement plurielle, traduisant des réalités différentes pour chacun des pays du continent, et surtout très variée en matière de langues utilisées (français, anglais, arabe, portugais et, bien entendu, des centaines d’autres idiomes propres à chaque communauté).
Le salon a été l’occasion pour tous les participants de non seulement découvrir la littérature africaine dans sa généralité, mais surtout s’intéresser à toutes ses particularités, grâce à la diversité des 150 auteurs présents. Pendant ces trois jours, les participants du salon ont eu la chance d’assister à des séances de dédicace, à des conférences, ou encore des tables rondes organisées avec des auteurs, comme le romancier Mohamed Bougar Sarr, lauréat du prix Littérature-monde 2018. Le salon a également proposé de façon très originale des défilés de mode, ainsi que des expositions et des spectacles qui ont su marquer les esprits.
Une chose est sûre : beaucoup se sont déplacés de loin pour se rendre à l’événement. Parmi eux, Marino Niguessan Akon, éditeur malien, qui n’a pas été déçu de son voyage.
« Je viens de Bamako, je suis un entrepreneur culturel et j’ai été invité à ce salon. Je suis très fier, je repars satisfait, ce salon était à la hauteur, il était grandiose. Cela vaut largement le déplacement de Bamako jusqu’à Paris », nous confie Marino Niguessan Akon.
De plus, cet éditeur nous explique qu’au-delà de sa propre appréciation du salon, il repart on ne peut plus convaincu par le projet et certain que ce dernier parviendra à faire rayonner la culture et le talent des auteurs africains. « Ma principale préoccupation aujourd’hui en Afrique, c’est de pousser les habitants à lire davantage. Il faut pousser les gens à lire pour comprendre l’importance des mots. Des initiatives comme ce salon sont vraiment à même de faire évoluer les choses en ce sens. Il faut que la jeunesse africaine puisse continuer de comprendre et d’apprécier le français d’Aimée Césaire », précise Marino Niguessan Akon.
Le sentiment général laisse supposer que cet évènement a atteint à la perfection son objectif : promouvoir une ouverture d’esprit et rassembler les Africains et les Européens autour de la littérature pour mélanger les cultures. L’organisateur a déjà officialisé le fait que cet événement inédit sera le premier d’une longue série. Il songe à en faire une biennale.
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Lancinet Kémoko Sidibé est un entrepreneur et chef d’entreprise guinéen qui a créé son industrie de beurre de karité et de savon noir au Maroc en 2012. Il vend aujourd’hui ses produits dans 15 pays à travers le monde. Grâce à cette unité de transformation de produits cosmétiques à Casablanca, il a pu s’investir activement sur le plan social pour venir en aide à des Africains souffrant de leur condition d’immigrés. Depuis sa création, une centaine de jeunes ont pu trouver de l’emploi. Vers la fin des années 2000, le Maroc est devenu l’une des premières destinations du continent pour les investissements directs étrangers et, selon l’Indice mondial de l’entrepreneuriat, il occupe la troisième place à l’échelle de la région Moyen-Orient – Afrique du Nord.

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