Les start-up africaines à VivaTech

Les start-up africaines à VivaTech

Rédigé par Laurence Soustras

Modifié le 2 juin 2024

Le monde des jeunes pousses du continent a particulièrement honoré le rendez-vous du salon Vivatech cette année. Au menu, la confirmation de l’attachement de l’Afrique à des solutions concrètes en faveur du développement, et la découverte des potentialités de l’intelligence artificielle.

Avec 165 000 visiteurs et une audience de réseaux sociaux de 2 millions de personnes dans le monde, la huitième édition de Vivatech, l’événement de Paris dédié à la technologie, a encore battu un record cette année. Des centaines d’investisseurs et fonds d’investissement étaient à ce rendez-vous de la semaine dernière pour rencontrer des membres de plus de 13 000 start-up. Et parmi eux, une présence toujours plus importante et remarquée des jeunes pousses africaines. Le continent a toujours été présent dans l’esprit du fondateur de Vivatech et président de Publicis, Maurice Levy. Mais pour parvenir à imposer sa vision, il lui a fallu un peu de « rebranding » [changement d’image NDLR] et l’aide d’autres convaincus du potentiel du continent : « cela a été très difficile la première année : personne ne croyait que nous pouvions y arriver, raconte-t-il. La deuxième année, j’ai décidé d’y apposer la marque Africatech, et quelques personnes ont décidé de nous aider. C’est ainsi que nous avons aujourd’hui de nombreuses start-up ». Témoin de ce développement spectaculaire, le concours Africatech Awards qui récompense la meilleure start-up dans trois catégories, a reçu 310 applications en provenance de plus de trente pays du continent. La récompense dans la catégorie Climate tech, qui absorbe 1 dollar sur 3 de l’investissement dans les jeunes pousses africaines, a été remportée par la start-up égyptienne Schoolz spécialisée dans les bus d’école électriques. Le prix Fintech et e-commerce a récompensé la start-up kényane Inclusivity Solutions qui a créé un produit d’assurance numérique qui est déjà lancée dans huit pays d’Afrique et compte 3 millions de clients. Enfin, signe d’un changement de perception à l’égard de la santé mentale en Afrique, une start-up kényane d’un nouveau genre a remporté le prix dans la catégorie santé : c’est Thalia Psychotherapy, une jeune pousse déjà opérationnelle dans 3 000 hôpitaux de cinq pays du continent qui entend se focaliser sur l’assistance à 300 millions d’Africains sans accès à des professionnels ou à des services abordables de santé mentale.

Majoritairement représenté dans le monde des start-up africaines et parmi les lauréats d’Africatech Awards, le Kenya l’était moins dans les allées du salon. De nombreuses start-up d’Algérie, Tunisie, Côte d’Ivoire et Sénégal s’étaient installées sur leurs stands nationaux respectifs, face à un afflux impressionnant de visiteurs : « c’est important en termes de visibilité d’être sur cette plate-forme, la plus grande en Europe, qui accueille tout ce qui est high-tech », explique le Sénégalais Boubacar Djiba, fondateur de SenMix Master, une plate-forme de mastérisation à l’intention des créateurs africains. « Il y a aussi les partenariats que l’on peut tisser, et on recherche aussi des investisseurs qui sont intéressés par notre solution et qui veulent nous aider à déployer cette solution-là. », ajoute-t-il.

Venus faire le plein d’innovations au salon Vivatech, les visiteurs africains ont fait face à l’omniprésence de l’intelligence artificielle. Des potentialités dont certains ont commencé à s’emparer et qu’ils considèrent avec un mélange d’intérêt et d’esprit critique. En effet, pour ces entrepreneurs, porteurs de projets bâtis sur les nouvelles technologies, la priorité est, et demeure avant tout de répondre aux besoins urgents du continent. Le Kényan Kizito Odhiambo, fondateur d’AgriBORA, une solution mobile pour l’agriculture, voitl’intelligence artificielle « nous permettre d’analyser des données très rapidement tout en obtenant des prévisions très proches de la réalité. Mais au Kenya, finalement, un agriculteur dans une communauté rurale ne va pas vraiment être intéressé par l’intelligence artificielle ou la technologie complexe qui est derrière. Ce que ces agriculteurs veulent, ce sont des solutions ». Même analyse prudente du côté de l’ingénieur sénégalais Mamadou Elimane Kane, président et fondateur d’Africa Smart Citizens, qui propose sur Internet des solutions digitales grâce à des objets connectés contre les vols de bétail, et des chaînes de blocs pour la sécurisation des données d’état-civil : « il y a des difficultés à régler en termes de préalable. On parle d’intelligence artificielle, on veut aller vers le futur, mais on n’a pas réglé le passé ni le présent. Nous avons d’abord investi dans le domaine de l’Internet dans des objets pour sécuriser les biens et le bétail. Ensuite nous avons vu la perte de temps et les fraudes relatives aux papiers d’identité et aux diplômes. La “blockchain” permet de régler ça. On a investi dedans, et peut être que dans deux ans, vous nous verrez investir dans l’intelligence artificielle ». Le rendez-vous annuel de Vivatech aura contribué à accélérer le déploiement rapide de ces nouvelles technologies en Afrique et leur adaptation aux besoins du continent.

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